En apparence, Nora est une femme tout à fait banale. De taille moyenne, elle n'a pas de chevelure qui lui tombe jusqu'aux pieds ni de grands yeux bordés d'immenses cils. Au contraire, ses cheveux sont bruns foncés et lui tombent juste en dessous des épaules, quant à ses yeux, ils sont d'une belle couleur bleue, foncée également. Sa peau est pale, sans taches de rousseur ni grains de beauté. Elle est également assez fine, ce qui lui permet de se faufiler un peu partout, et surtout de peu attirer l'attention sur elle. Pour finir, il faut simplement savoir que, lorsqu'elle utilise ses dons, ses yeux deviennent blancs, laissant voir un autre visage que celui de la jeune femme pure et gentille.
Niveau caractère, Nora est une personne assez patiente et réfléchie. Elle ne prend pas des décisions à la légère et préfère voir comment les choses évoluent avant d'agir. Toutefois, quand quelque chose l'énerve elle peut réagir au quart de tour, mais cela arrive peu souvent, car elle cherche le plus souvent à éviter les ennuis. Pour cela, elle sait se faire discrète. Elle est également très observatrice et remarque rapidement quand quelque chose ne va pas. Aimante et amicale, elle est présente pour sa famille et ses amis quand on a besoin d'elle, elle sait réconforter et apaiser les tensions. Pas toutes, malheureusement.
Grande protectrice de la nature, qu'elle aime et qu'elle respecte, elle en prend soin du mieux qu'elle peut. Mais les actions des démons l'ayant abimée, Nora deviens de moins en moins prévoyante. Il est parfois difficile de savoir à quoi elle pense et ce qu'elle va faire dans l'immédiat, car la colère monte peu à peu en elle... Ô charmante Nora... quand est-ce que tout cela explosera ?

En tant qu'ange protecteur de la nature, Nora dispose du don de météo, c'est à dire qu'elle peut faire souffler le vent, déclencher un orage ou faire chuter la température rien quand le commandant par la pensée. Elle sait également réaliser des soins, et cela pourrait s'avérer très utile pour sauver des vies...

Lorsque je suis née, tout était différent. D'aussi loin que remonte ma mémoire, je me souviens des paysages tantot verdoyants tantot enneigés au cours des saisons. Le ciel était bleu, maintenant il est noir. Je m'amusais avec mes camarades anges, maintenant, j'ai l'impression d'être seule parmi les blessés et les morts. Nous sommes obligés de marcher courbés à certains endroits ou le plafond est bas. Quand j'étais jeune, je vivais dans un domaine immense ou les murs étaient faits d'or et de pierreries, et ou le sol était un nuage. De là ou j'étais je voyais tout. Les humains se baladaient tranquilles, les anges volaient dans le ciel, et on pouvoir voir que tout ce petit monde était heureux. Aujourd'hui, c'est à peine si on peut différencier les humains des hybrides ou des autres créatures, tant la poussière nous a recouvert d'un épais manteau grisâtre. Ceux qui sont en bonne santé sont las et errent à la recherche d'un quelconque réconfort. S'ils ont besoin, je suis là. Malheureusement, je crois que j'ai perdu espoir, tout comme eux...

Nous étions six frères et soeurs, mais un seul était plus grand que moi. Mon frère ainé s'appelait Azel, et il était fort et vigoureux. Il me prenait souvent dans ses bras et nous nous envolions à travers ciel, sous le regard envieux de nos frangins et frangines qui, encore trop jeunes pour se déplacer seuls, ne pouvaient que nous observer en silence. Ces tours ne duraient jamais très longtemps. Nous rentrions, et j'allais directement à la rencontre de mes frères et soeurs pour jouer avec eux ou leur raconter des histoires. J'étais une bonne conteuse. Mes histoires préférées portaient sur des arbres qui se dressaient si haut dans le ciel que des anciens anges avaient conçu dans leurs branches des maisons dans lesquelles ils se reposaient lorsqu'ils partaient en vacances, et sur un flocon de neige qui était tombé amoureux d'une feuille morte. En réalité, tout ce qui avait trait à la nature me passionnait. Du haut de mon petit nuage, j'aimais à regarder les paysages que je voyais en contrebas. J'étais encore jeune, et je n'avais pas les pouvoirs nécessaires pour me faire de la nature une alliée. Il me fallait donc apprendre, apprendre encore et encore. Mon père engagea alors un précepteur pour m'enseigner ce qu'il fallait savoir...

Les leçons portèrent leurs fruits. J'apprenais et je retenais avec une facilité déconcertante. Je savais dès à présent comment faire des potions à base de racines, de feuilles et autres grains, en me concentrant, j'arrivais à faire souffler une brise de vent ou à faire tomber quelques gouttes. Ce n'était pas encore suffisant pour ma part, mais les cours ne me servaient plus à rien. Ce n'était plus que de la pratique, et encore de la pratique. Cette pratique me demandait une extrême concentration et je voyais de moins en moins ma famille ce qui m'attristait profondément. Pourtant, je savais que ce que je faisais était quelque chose d'important pour moi. Je décidais donc de me lancer encore plus à corps perdu dans le travail pour en finir au plus vite. Plusieurs fois j'avais voulu abandonner, surtout lorsque je partais de longs jours dans le monde humain pour me perfectionner. Ces séjours étaient intenses car le monde était bien différent lorsqu'on était sur terre plutot que lorsqu'on le regardait d'en haut. J'ai aussi failli être tuée à de nombreuses reprises, mais, à force d'expérience, la nature humaine n'eut plus aucun secret pour moi. En 2000 ans d'existence, j'avais acquis le pouvoir et la notoriété nécessaire pour vivre convenablement, que ce soit parmi les hommes ou parmi les anges, mais c'était avec ces derniers que je me sentais en sécurité, aussi, ange protecteur à part entière, je restait avec mes condisciples, ne redescendant sur terre qu'en de rares occasions.

Il fait sombre, toujours sombre. Pourtant, un point de lumière m'est apparu quelque part. C'était comme si la mort s'était emparée de moi mais que la vie me laissait une dernière chance. Une dernière chance à ne pas rater. Je pense que nous sommes nombreux parmi fugitifs a avoir la même fureur de vivre. On le sait, c'est tout, on ne le dit pas. Je vois des choses que les simples humains ne peuvent pas voir. Je vois au fond de leur yeux une envie de vengeance, alors que leurs visages restent impassibles, mutiques, à attendre que le temps passe. Le temps passe t-il encore ? Les montres se sont arrêtées et cela fait bien longtemps que plusieurs d'entre nous n'ont pas vu la lueur du ciel. Les rapports des éclaireurs ne sont pas porteurs de bonnes nouvelles. La terre est toujours ravagée, le ciel toujours gris, le soleil ne brille plus. Tout a été détruit. Tout peut être reconstruit. Il suffit d'y croire.

Année 2499, j'assistais pour la première fois à la manifestation de la dangerosité des démons.
On ne m'avait pas menti. Tout avait bien changé. Trop même, je ne reconnaissais plus rien. Je marchais parmi les décombres, à la recherche d'une présence humaine, mais New York, autrefois ville de lumière, était déserte. Déserte de vivants. Les morts s'entassaient au coin des rues, le sang avait éclaboussé les murs, et cette vision d'horreur me faisait frisonner. Cela n'était pas l'oeuvre d'humains, seuls des sauvages auraient pu massacrer une centaine de personnes innocentes et les laisser pourrir à l'air libre. Je ne pouvais pas les sauver, et même si j'avais pu, il y en avait beaucoup trop. De toute façon, je ne pouvais pas rester là, a découvert. Cela aurait été l'idée la plus folle du siècle, il était évident qu'il fallait se cacher, se faire discret. Pourtant, ma curiosité morbide prenait le dessus sur la peur, et mon sens du devoir me poussa à continuer ma marche mortuaire, à la quête de survivants. Il nous avait été interdit de descendre sur terre. Mais les anges qui avaient voulu voir par eux-mêmes l'ampleur du désastre étaient descendus en même temps que moi. Déployés aux quatre coins de la ville, nous devions faire face à la même conclusion : elle avait été attaquée par une force mystérieuse, par une entité qui nous échappait. Bien sur, je savais que le monde n'était pas peuplé que d'humains sans défense. Leur rage et leur haine avaient causé la perte de bien des peuples au cours des siècles, et de nouvelles espèces avaient vu le jour. Leur présence s'était multipliée, causant la mort et le désespoir. Pourtant, les premières attaques massives n'avaient eu lieu que peu de temps auparavant, sous l'impulsion des démons, êtres assoiffés de sang qui étaient prêts à tout pour décimer la race humaine, et pour causer de nombreuses victimes parmi le peuple angélique par la même occasion. Oui, les démons passaient à l'attaque, cela ne faisait aucun doute. Et il fallait faire quelque chose.

L'année d'après eu lieu la première bataille entre anges et démons. De nombreux moyens matériels avaient été engagés, de multiples conseils avaient réunis les membres influents du monde angélique, et tous les anges possédant un don avaient été enrôlés pour participer à la guerre. En tant que jeune ange protecteur, je n'y prenais pas part. Mon rôle se résumait, avec mes camarades qui partageaient mon pouvoir, à maintenir le soleil dans le ciel le plus possible. Même si cela ne participait pas à la destruction pleine et entière de nos ennemis, cela nous permettait au moins de les aveugler, réduisant leurs défense, permettant alors à nos condisciples guerriers de prendre une longueur d'avance sur eux. Tout était bon à prendre.

Cela faisait des années que je n'étais pas redescendue sur terre. L'on donnait à tous les anges encore peu expérimentés des travaux qui ne nécessitaient pas un tel travail. Les autres redescendaient sur terre apporter leur aide aux humains qui après ces multiples guerres, étaient condamnés à rester cacher dans des tunnels qui avaient été construits après la toute première bataille. Malheureusement, des canaux explosaient tous les jours, et les anges étaient mis à contributions pour reconstituer les champs de force détruits autour de ceux-ci. Je voulais apporter mon aide, mais ce n'était pas possible, je n'avais pas de pouvoirs assez puissants, et ils n'auraient été d'aucune utilité dans ce monde ou la nature avait perdu sa place. Je restais donc à l'abri, avec mes frères et soeurs, mais cela me pesait, tant et si bien que je commençais à faire des escapades en bas, d'y soigner des blessés et de remonter aussi sec. Aujourd'hui, je n'y manquerai pas. Il y avait eu une tentative d'invasion des démons qui avaient réussi à causer un éboulis. Les forces humaines et hybrides les avaient chassé difficilement, mais il avait été énuméré un certain nombre de blessés parmi leur rang. Je me rendis donc sur place, en compagnie d'une amie qui possédait également des talents de médecine. Nous marchâmes sur des pierres un nombre incalculable de temps, mais nous aperçûmes une entrée dans un amas de roches. Nous nous dirigeames vers elle, en prenant bien soin de ne pas nous faire voir. Mais nous n'étions pas les êtres les plus faciles à cacher. Un cri déchirant retentit derrière moi et, lorsque je me retournais, j'aperçus ma compagne qui marchait à deux pas derrière tomber à la renverse, de longues flammes rouges léchant ses ailes. Le corps s'embrasa, et, incapable de bouger, je le regardais se consumer, un cri d'horreur étouffé. Mon sang se glaça lorsque je remarquais à travers l'épais brouillard de fumée une ombre noire s'approcher. Il ne faisait aucun doute que c'était un démon, et l'arme qu'il tenait à la main ne pouvait être qu'une sorte de lance flamme. Paniquée, je me mis à marcher à reculons puis, remarquant une saillie dans une paroi, je tentais d'y entrer mais le démon actionna son arme et je ne pus esquiver la boule de feu qu'en m'accroupissant. J'entendis soudainement un sifflement fendre l'air, et une pierre vint frapper le démon en pleine tête. Seulement, de part sa grande taille, il n'en ressortit que légèrement sonné, et une autre boule de feu me fonça dessus. De même, une autre pierre atteignit le géant, puis une autre et encore une autre. Sans me laisser démonter, je finis par me relever et, rassemblant toutes mes forces, je fis appel à l'esprit du vent. Ainsi, sitôt libéré des pierres, une bourrasque de vent fit reculer le démon, et j'en profitais pour m'enfuir. Malheureusement, le démon semblait avoir plus de ressources que je ne le pensais, et il se dégagea du tourbillon d'air, ajustant son tir. Il allait actionner l'arme et je ne pourrais pas esquiver les flammes, je ne m'envolerai pas assez loin pour que le jet destructeur ne m'atteigne pas, tout était perdu.
Me préparant au pire, je n'entendis pas le grand "BANG". Mais, voyant que je n'étais pas encore morte, je m'envolais à une distance respectable puis jetai un regard en arrière. Le démon taillé en armoire à glace gisait à terre, visiblement inconscient. A la place ou il se tenait debout quelques instants auparavant, j'aperçus un autre démon, plus jeune et moins grand, qui me faisait face. Je ne sus jamais comment il avait pu s'en débarrasser, ni surtout, pourquoi il l'avait fait. Je redescendit de quelques mètres, encore soupçonneuse. Les yeux bleus de la jeune démone -car s'en était une- brillaient d'intelligence mais je n'y décelais aucune animosité. Elle me regardait d'ailleurs d'un regard indifférent. Elle était moins armée que son camarade mais cela ne signifiait pas grand chose. « Tu ne devrais pas rester ici » grommela-t-elle en se détournant. « Attends ! » m’exclamais-je, surprise de la voir partir si vite. Je redescendit encore sans toutefois poser pied à terre. « Pourquoi m’as-tu aidé ? ». Elle ne me répondit pas. « Qui est tu ? ». Toujours aucune réponse. J’insistais. « Mon nom est Amy » finit-elle par dire. « Amy, on se reverra peut-être un jour ». Nous nous reverrions, c'était sur. J'avais une dette envers elle. Je pris de la hauteur. « Merci ». Et je filais sans demander mon reste. Une foule de questions se bouscula dans ma tête. Pour la première fois de ma vie, j'avais vu un démon sauver la vie d'un ange, alors qu'ils étaient censés être ennemis. Je me sentis soudain pleine d'affection pour Amy et bien que ce soit une créature de l'ombre, je me promis de tenir ma dette. S'il fallait que je la protège, je le ferai.

Avant de passer la barrière de nuages, je me retournais, mais le démon blond avait disparu.

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